Publié le 23 Mai 2017

Je ne sais pas si je dois penser que le pire est arrivé, ou si je dois me réjouir qu'on réussisse à les ignorer. Penser que le monde s'est habitué, ou me dire que l'ignorance est la meilleure des réponses.

Les bombes continuent d'exploser, les voitures de renverser, les couteaux de trancher, et tout le monde s'en fout.

Il y a 2 ans, tout le monde s'est appelé Charlie pendant des mois. Quelques mois plus tard, tout le monde était Paris. Puis Nice.

Aujourd'hui, personne n'est Manchester. Personne n'est Alep. Tanta. Mogadiscio.

Personne n'est Kaboul. Tikrit. Saint Petersbourg.

Personne n'est Fresno ou Alexandrie.

On s'est lassé. Ou habitué. A se lever le matin et prendre son café en voyant ou écoutant des horreurs. On n'est même plus surpris. On se demande simplement où sera le prochain carnage. Qui sera visé. Si l'horreur va encore s'amplifier. Si ces lâches vont s'enfoncer un peu plus dans leur folie sans courage en continuant à viser des personnes de plus en plus jeunes. En enlevant la vie à des enfants qui n'auront même pas eu le temps de voir que le monde tourne à l'envers.

On prend donc son café, désabusé. Sans en sentir le goût. Sans y penser. On arrive au bureau et on n'échange même plus sur le sujet. On n'y pense pas. Ou on évite le sujet. Parce qu'on en a trop parlé. Parce qu'on ne sait plus quoi en dire. Parce qu'"il faut continuer à vivre". Ou parce que le ton peut monter. Entre ceux qui plongent dans le racisme tellement facile ; et ceux qui ne savent plus comment expliquer qu'il ne faut pas tout amalgamer. 

On peut donc visiblement s'habituer à tout. Même à l'atroce, à l'insoutenable, au non-viable. On peut vivre dans l'attente, dans l'espoir d'attendre pour rien. Dans le soulagement de ne voir aux infos du matin que du soleil annoncé. On peut survivre en fait. 

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Rédigé par Mademoisellemadame

Publié dans #Humeurs

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